Le désarmement nucléaire : promesse et poudre aux yeux !
vendredi 14 mai 2010
par jean-pierre

Tout le mois de mai, l’ONU accueille à New York les 189 États membres du Traité de non-prolifération nucléaire pour une "Conférence d’examen".

C’est "l’effet Obama". A Prague en avril 2009, Barack Obama a dit vouloir faire du désarmement nucléaire sa priorité ... Depuis cette date, de nombreux événements sont survenus avant que se tienne, ce mois de mai, la Conférence d’examen du Traité de non prolifération (TNP).

Avril 2010, les États-Unis publient leur "Nuclear Posture review", la nouvelle doctrine d’utilisation de l’arme nucléaire. Un grand effet d’annonce pour essayer de montrer que la doctrine a évolué, mais les exceptions montrent que rien n’a changé. Ainsi les "États-Unis n’attaqueront jamais avec leurs armes nucléaires les pays qui respectent le TNP"... mais l’Iran est nommé comme exception. L’Iran n’a pas apprécié.

Autre exemple : le gigantesque projet de nouvelle usine de Los Alamos pour fabriquer de nouvelles amorces au plutonium est financé, projet qui avait été annulé lors de l’investiture de Barack Obama. Conclusion simple : la négociation entre le Pentagone et la Maison Blanche a fait un perdant, c’est Barack Obama.

Autre "grand événement", le nouveau Traité START entre les États-Unis et la Russie. Signé en avril 2010 en grande pompe à Prague. Le nombre de missiles sera réduit à 800 et le nombre de têtes nucléaires à 1550. Dans 7 ans. Une réduction de 30 % par rapport à maintenant... qui ne change rien quant à la capacité de détruire plus de 10 fois la planète. Autant dire que les deux puissances nucléaires dominantes n’ont rien changé quant au fond.

Pour cette Conférence d’examen du TNP, l’objectif du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est un plan en 5 points, avec une priorité, une Convention d’élimination des armes nucléaires qui préciserait des étapes de désarmement et des dates limites. Ce projet de Convention a été voté en Assemblée générale de l’ONU à une forte majorité voici 2 ans, il est soutenu par tous les pays du "Mouvement des non-alignés" et par un pays nucléaire de poids, la Chine. Mais les États- Unis et la France y sont totalement opposés. Autant dire que cette Convention ne sera pas évoquée dans les conclusions de la Conférence d’examen.

L’optimisme étant la règle de l’année, l’astuce va consister à décider de mesures souhaitables, avec le minimum de contraintes réelles sur les États nucléaires. Comme en l’an 2000 où 13 étapes avaient été décidées et dont quasiment aucune n’a été respectée.

A mi-parcours de la Conférence d’examen, il n’est pas possible de savoir si les conclusions seront de véritables avancées. Il est clair que les pays nucléaires ne souhaitent pas une remise en cause de leur stratégie nucléaire. Tout au plus peut il être toléré des mesures de décroissance quantitative des arsenaux. Mais pour la France, même cette hypothèse minimale n’est pas à l’ordre du jour.

Cette Conférence d’examen devrait être un "grand succès" de com’, et pour faire aboutir une Convention d’élimination, nous aurons encore du pain sur la planche.