Soutenez les Indignés américains qui manifestent devant Wall Street !
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En Espagne, le mouvement "Democracia real ya" s’oppose à l’emprise de la finance servie par une classe politique inféodée.
Attac France invite toutes celles et ceux qui se sentent solidaires et concerné-e-s à rejoindre le mouvement en participant dimanche 29 mai à 14h au rassemblement place de la Bastille.
Avec Bernard, c’est pour Attac - plus qu’un ami, un membre de la famille qui disparaît. Il avait pris une part active à la création de notre mouvement et il était de ceux grâce auxquels Charlie Hebdo figurait parmi ses membres fondateurs. Vice Président du Conseil scientifique dont j’assurais la présidence, il œuvrait avec toute son intelligence, son dynamisme et son ingéniosité à la mise en place et aux premiers travaux de ce dernier. Il était présent — ô combien ! — au premier Forum Social Mondial de Porto Alegre, en 2001. À de multiples reprises, la plume acérée d’Oncle Bernard devait participer à la promotion de nos initiatives.
La vie universitaire, nous avait déjà rapprochés depuis plusieurs années. Nous figurions parmi ces quelques solitaires, alors marginalisés, ayant l’outrecuidance d’affirmer que seule une économie transdisciplinaire, embrassant les temps longs de l’évolution, se référant à des valeurs de justice et de solidarité, pouvait appréhender les grandes transformations qui bouleversent notre monde. Il savait que l’économie ne tient pas dans l’économie et que l’on ne comprend rien à Keynes, « l’économiste citoyen » (2007), sans se référer à Freud. Nous éprouvions une aversion commune envers cette « guerre économique […] si jolie » (1999) si l’on en croit « ces gourous […] qui nous prennent pour des imbéciles » auxquels il adressait, la même année, sa fameuse « Lettre ouverte ». Son humour caustique mais jamais haineux — dont voici un échantillon — ne les ménageait pas : Milton Friedman, écrivait-il, « dans un article qui a fait un tabac dans la profession, a avancé la thèse qu’une théorie ne devait pas être testée par le réalisme de ses hypothèses, mais par celui de ses conséquences. Autrement dit, peu importe de faire l’hypothèse que la Terre est plate, tant que ça vous permet d’aller où vous voulez à vélo… Vous pouvez même supposer que la Terre est creuse comme un bol, si vous sentez que votre vélo descend »… Cette forme d’esprit affleurant en permanence au fil de sa conversation, ceux qui n’ont pas eu le bonheur de le connaître comprendront que l’on ne s’ennuyait guère en sa compagnie.
Le souvenir de cette main que l’on a serrée il n’y a pas si longtemps sans savoir que c’était pour la dernière fois et sans pouvoir imaginer un seul instant le destin tragique qui l’attendait, nous laisse un étrange sentiment de fragilité des choses humaines. Mais, de cette vie définitivement écrite, restera à jamais le message d’un combattant fraternel, mort pour cette Liberté dont bien au-delà de l’univers étriqué des seuls échanges marchands il entendait faire le sens même de l’existence.
Par René Passet
https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/article/hommages-a-bernard-marris ?pk_campaign=Infolettre-206&pk_kwd=hommages-